CONFERENCES 2014

Cette conférence sera tenue par une psychothérapeute, ISABELLE DLUBEK

le 19 avril 2014 sur le thème:
" LA RESILIENCE DANS LE DEUIL"
 accompagnée par la MEDITATION.


De 14h jusqu'à 17h30-18h au Juvénat de Châteaulin. Participation LIBRE

RV à 12h15 pour ceux qui aimeraient partager le repas en commun

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COMPTE RENDU rédigé par Herve POËNS - ANJPV 29 
extrait offert de son livre 
« Mes petits mots de billet - Vers une renaissance » 

Samedi 19 avril 2014, la section départementale du Finistère de l'association «Jonathan Pierres Vivantes» a organisé une conférence assurée par une psychothérapeute de la Manche, madame Isabelle Dlubek. Le thème portait sur «La résilience dans le deuil». Les vingt personnes présentes ont pu tirer profit de la clarté et de la pertinence des paroles émises par cette intervenante qui s'est d'emblée présentée comme le simple maillon «d'une chaîne créée pour nous aider à traverser l'épreuve», même si elle n'a pas elle-même eu à endurer l'indicible douleur de perdre un enfant.

                        Madame DLUBEK s'est voulue porteuse d'un message d'espoir susceptible de nous apporter du soulagement dans ce cheminement très long qui mène à l'apaisement de la souffrance après un tel choc traumatique. Or, il existe en tout être humain des forces parfois insoupçonnées qui peuvent lui permettre de rebondir, même dans les situations les plus extrêmes de l'existence comme ce fut le cas par exemple pour Martin Gray [1].

            C'est ce que démontre la RESILIENCE, terme que l'on employait initialement en physique pour désigner la capacité qu'ont certains métaux à résister aux chocs et à retrouver leurs caractéristiques initiales. Depuis une vingtaine d'années, ce mot est repris par les psychologues, dont Boris CYRULNIK [2] en France, pour signifier la capacité des êtres humains à résister à la destruction, à se protéger de l'adversité et des situations difficiles.

            En lieu et place de résilience, madame Dlubek nous déclare qu'elle préfère employer l'expression
« RESSOURCES ». Ces ressources sont en chacun de nous, mais elles varient en fonction de critères spécifiques liés à nos acquis, expériences et relations antérieures et être mobilisées différemment d'un individu à l'autre. Car, comme l'écrit Tim GUENARD [3] dans "Plus fort que la haine" : «Je constate comme une évidence qu'il n'y a pas de souffrance plus grande que celle que l'on vit... » C'est pourquoi, même si l'on est dans le même deuil, il est bien difficile de comprendre le deuil de l'autre.
            Parmi les ressources qui peuvent favoriser la reconstruction d'un être blessé, madame Dublek cite Stefan  VANISTENDAEL [4], qui lui-même évoque :


            - le réseau d'aide social : famille, voisins, amis,

            - la capacité à retrouver un sens à la vie au travers de la spiritualité, la religion ou l’engagement associatif,

            - le sentiment que l'on peut encore maîtriser un tant soit peu son existence,

            - l'amour-propre et surtout l'estime de soi,

            - le sens de l'humour,

            - la déculpabilisation.

 
Les personnes qui s’investissent dans un processus de résilience doivent être attentives à bien entretenir cet état car, ce n'est pas un état constant. La résilience est un long cheminement où alternent par vagues successives des variations d'humeur et de capacité à surmonter l'épreuve.

            Parmi les ressources et les forces caractéristiques des résilients, 7 facteurs ont été identifiés :


 1. L'indépendance, c'est-à-dire la capacité à fixer des limites dans sa relation aux autres, voire la capacité à y mettre un terme (de façon momentanée ou durable), si elle paraît négative ou si elle est source de gêne.

 

2. L'initiative, qui permet de maîtriser son environnement et peut nous amener à exercer une liberté de choix et écarter tout ce qui nous empêche d'avancer. La victimisation fait partie de ces sentiments qui nous maintiennent dans une souffrance extrême. Il est impératif de s'en débarrasser car s'y maintenir ne rajoute que de la douleur à la douleur.

3. La créativité, au sein de laquelle nous pouvons nous autoriser à penser différemment des autres, oublier la souffrance intérieure et exprimer positivement nos émotions.

4. L'humour, qui permet d’amoindrir les tensions intérieures et de faire émerger le comique au sein de la tragédie.

5. L'éthique, qui nous permet de vivre selon nos valeurs et nous fait privilégier ce que l'on veut au détriment de ce que l'on attend de nous. C'est cette éthique qui permet de développer l'entraide et la compassion.

6. La communication, qui est la possibilité de lien et d'échange avec les autres. C'est par elle que les encouragements peuvent être prodigués et reçus, que peuvent être confiées les pensées trop lourdes à supporter. La communication, comme la vie, est un risque et même si elle est difficile, elle est indispensable (cf. Julius SEGAL [5]). C'est également grâce à elle que l'on donne un sens à l’épreuve que l'on traverse. C'est d'ailleurs ce type de lien qui s'installe entre les personnes qui fréquentent l'association Jonathan.

7. La remise en ordre dans sa vie : le deuil est une période de chaos où bien souvent plus rien n’a de sens. Pour s'en sortir, il faut retrouver une certaine maîtrise et une certaine régularité. Réussir à mieux contrôler sa vie a pour conséquence directe de mieux la vivre.

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D'autres notions importantes ont été abordées au cours de cette passionnante intervention :

- Le RITUEL que chacun peut fixer en fonction de sa personnalité : c'est un lien symbolique qui s'établit ainsi avec le défunt et qui a le don d'apaiser.

- La COMPASSION, c'est-à-dire ce qui nous rend sensible aux autres : « Vous voulez savoir comment surmonter votre désespoir ? C'est en aidant les autres à surmonter le leur. »

- Le deuil est un LONG CHEMINEMENT permettant à chacun de gravir par étapes les échelons de la renaissance en fonction de ses propres filtres.

- Faire son deuil n'est pas oublier mais tout simplement VIVRE AVEC.

- La douleur de la perte va se transformer petit à petit en COMMUNICATION INTERIEURE avec l'être cher disparu.

 - La phase de reconstruction des personnes endeuillées peut s’élaborer sans même que celles-ci en soient conscientes. Ce cheminement se fait de façon INELUCTABLE.

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En fin de journée, madame Dlubek aborde l'importance que représente pour elle la pratique de la MEDITATION. Cette méditation s'effectue en vivant pleinement la conscience du souffle qui nous ramène à l'instant présent. Et c'est dans cet instant présent que s’instaure une connexion avec la pensée positive, un recentrage au cœur même de la vie. 
C'est par un exercice pratique de cette méthode visant à procurer la paix intérieure que s'achève cette conférence au cours de laquelle chacun a pu à loisir interroger notre invitée et exprimer son propre ressenti.

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[1] Martin GRAY : né le 27 avril 1922 à Varsovie. Il est connu pour son livre Au nom de tous les miens - Editions Robert Laffont (1971) dans lequel il décrit entre autres, le drame d'avoir perdu à l’issue de deux tragédies toute sa famille. D'abord dans les camps nazis, puis en 1970 dans l'incendie de sa maison du sud de la France où disparaissent sa femme et ses 4 enfants. Au bord du suicide, il décide de lutter pour devenir un témoin et trouve encore une fois la force de survivre. L'écriture devient alors pour lui une thérapie.

 

[2] Boris  CYRULNIK: né le 26 juillet 1937 à Bordeaux dans une famille juive, il fut victime d’une rafle en 1943 avec une partie de sa famille. S'il a réussi à s'échapper, ses parents sont tous deux morts en déportation et il a donc dû se construire sans eux. Auteur de nombreux ouvrages dont Sauve-toi, la vie t'appelle - Editions Odile Jacob (2012).

 

[3] Tim GUENARD: abandonné à l’âge de 3 ans par sa mère, il est élevé par un père alcoolique et violent. À 5 ans, il est hospitalisé pour coups et blessures et reste dans le coma pendant deux ans et demi. Il connaîtra les institutions, les asiles psychiatriques, les familles d’accueil, les maisons de correction avant de vagabonder, à 13 ans, dans les rues de Paris. Aujourd'hui, il accueille des handicapés et raconte son histoire dans les prisons, les églises, les écoles de France. Il est l’auteur de Plus fort que la haine - Editions J'ai lu (2000), Quand le murmure devient cri Editions J'ai lu (2007) et Tagueurs d’espérance - Editions J'ai lu (2003).

 

[4] Stefan VANISTENDAEL : sociologue, responsable du département Recherche et Développement du Bureau international catholique de l'Enfant et auteur avec Jacques Lecomte de Le bonheur est toujours possible - Construire la résilience - Editions Bayard (2000).

 

[5]  Julius SEGAL : Gagner les épreuves difficiles de la vie.


FERNAND DUMONT, praticien en relations d'aide 2013